« Le manoir de Bouvron est situé en Loire-Atlantique et, même si ce bien a un lien avec l’histoire de la Bretagne, la Région n’a aucune possibilité d’agir en sa faveur », explique Loig Chesnais-Girard. Photo Didier Déniel

À Bouvron (44), le projet municipal de destruction d’un îlot d’anciennes habitations, où se trouvent les vestiges d’un manoir médiéval ayant appartenu au secrétaire de deux ducs de Bretagne, fait débat. Les défenseurs du site ont saisi le président de la Région Bretagne… qui n’y peut rien.

Par Pascal Bodéré (Le Télégramme du 15 mars 2023)

Dans une lettre ouverte à Loig Chesnais-Girard, les représentants de l’association Koun Breizh Mémoire de Bretagne et de Skol-Uhel ar Vro – Institut culturel de Bretagne, Yvon Ollivier et Jacky Flippot, alertent le président de la Région Bretagne sur la destruction programmée des vestiges de ce manoir de Boisjourdan, bâti au XV siècle à Bouvron (44). Pierre Raboceau, secrétaire des ducs de Bretagne Pierre Il et François II, y a notamment vécu.

Stéphane Bern dans le débat

Problème pour les défenseurs du patrimoine breton : la municipalité prévoit de détruire l’édifice pour y reconstruire un ensemble de commerces et d’habitat. Le projet est acté. « Nous n’avons pas les moyens financiers pour restaurer. Et puis, nous estimons que les ruines du manoir, qui s’étendent sur 15 petits mètres carrés, ne sont pas assez conséquentes », soulignait, en février dernier, Francis Blanchard. Les travaux de destruction seraient donc imminents.

« Cette décision incompréhensible a suscité un tollé médiatique, relayé notamment par des personnalités comme Stéphane Bern et la manifestation du 18 février dernier a réuni 200 personnes », argumentent les opposants qui défendent une restauration du lieu. Une réunion est prévue entre le maire et ses détracteurs le 17 mars prochain. Trop tard aux yeux des opposants qui ont déposé une demande de protection du manoir au titre des monuments historiques : « Le rapport de l’lNRAP[i] relève un ensemble remarquablement conservé : baies, cheminée, plancher, barreaux, terrasses et pavement sont presque partout dans leur état d’origine ».

La Région Bretagne « n’a aucune possibilité d’agir »

Yvon Ollivier et Jacky FIippot demandent à Loig Chesnais-Girard de « s’opposer » à ce projet en « prenant attache avec le maire de Bouvron, les représentants de la région des Pays-de-la-Loire et du département de Loire-Atlantique pour explorer ensemble les possibilités qui permettraient de sauver le manoir ». Mais le président de la Région Bretagne peut-il quelque chose pour ce dossier qui concerne la Loire-Atlantique ? Pour Koun Breizh et l’Institut culturel de Bretagne, le fait que le manoir médiéval y soit situé « ne saurait être un frein à votre action, sauf à considérer que le patrimoine breton de Loire-Atlantique serait voué par nature à la destruction ou à l’oubli du fait de sa localisation ».

Mais le cabinet de Loig Chesnais-Girard le confirme : «Le manoir de Bouvron est situé en Loire-Atlantique et, même si ce bien a un lien avec l’histoire de la Bretagne, la Région n’a aucune possibilité d’agir en sa faveur. Notre politique de soutien à la valorisation du patrimoine bâti s’applique dans les quatre départements bretons, mais pas au-delà. La collectivité, d’un point de vue réglementaire, ne peut accompagner la restauration d’édifices situés hors de ses frontières ».

[i] Institut national de recherches archéologiques préventives.

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