Libre parole

Le goal – Kristine churie

J’ai adhéré à Koun Breizh. J’ai écouté et lu les témoignages.

Les témoignages que j’ai entendus à Concarneau sont pires encore. Il y a longtemps maintenant, mais c’est toujours si présent en moi que je ne suis pas encore prête à l’écrire sur un site.

Une amie d’une de mes cousines (veuve d’un cousin de ma mère) venue la voir en ma présence et qui voulait « me dire », tout en n’osant pas parce qu’elle savait que j’étais enseignante dans le public, et ce qu’elle fit en fin de compte : 

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Un jour , à l’école , parce qu’un mot de breton m’avait échappé , j’avais été obligée de ramasser toutes les feuilles de la cour de l’école ! J’étais d’une famille rurale et on ne parlait que breton chez nous .

Une autre fois , au hasard d’une rencontre près du Marinarium de Concarneau , on m’avait raconté cette histoire : 

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Un homme très âgé à Rosporden , était sourd d’une oreille depuis l’âge de 9 ans , à la suite d’une très violente gifle reçue à l’école  parce que du breton lui avait échappé .

Lors de mon premier stage dans une classe en première année de formation à l’École Normale , on m’avait demandé de « faire attention » parce que ce que je venais de dire « venait d’une mauvaise traduction du breton ». Ça n’avait pas été dit méchamment du tout, mais le résultat… Les enseignants ignoraient toujours ces phénomènes linguistiques, préférant les reproches. le rouge envahissant nos copies, sans le moindre souci de ce que nous pouvions avoir à exprimer. Ce n’était « pas bien » de parler ou d’écrire ainsi, nous étions responsables de notre ignorance de « leur » langue, la seule respectable. Comment se sentir « chez soi » dans un tel contexte ?

Je ne m’étais aperçue de rien, c’était ma langue ! J’en ai gardé un blocage à vie ! J’avais l’impression de devoir faire les mêmes efforts que pour parler une langue étrangère. Et plus on fatigue et moins on y arrive.

Le souci, c’est que les « enseignants » de breton du soir reproduisent la même chose dans l’autre sens. Interdiction d’un mot de français, aucune conscience des intonations-musique de langue, si importantes pour ne pas dire essentielles.

Une apprenante de breton à Rennes, lors d’une manifestation anti-nucléaire avait repris, sur sa langue, la maman bretonnante d’un pote professeur div yezh, qui avait accepté gentiment de jouer le jeu en lui parlant breton. Marc m’avait dit ensuite : « Ma mère l’a envoyée, elle n’a rien compris ! » Le comble de la connerie !

Et bien d’autres encore… Dans le Morbihan…

J’ai préféré faire la formation « Cambridge », qui est excellente pour maîtriser l’anglais !

Et puis, cet autre témoignage recueilli durant le FIL de Lorient : Alors que je faisais partie de l’équipe qui tenait le stand de Bretagne Réunie, une famille était venue me parler devant les panneaux explicatifs.

Un homme d’une quarantaine d’année m’avait raconté, un peu « discrètement » par honte résiduelle  : 

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Quand j’étais enfant dans la Creuse, et que mes parents nous disaient qu’on allait rendre visite à notre grand-mère, nous répondions « Ho, (non), elle ne parle pas !

Ce n’était que plus tard qu’il avait réalisé que si sa grand-mère ne parlait pas, c’était simplement qu’elle ne parlait pas français ! Elle avait sans doute fait partie de ces Bretons envoyés en Creuse « à peupler » avec leurs quelques vaches, en train. À la suite de la deuxième guerre mondiale, ils acceptaient pour fuir la misère.

On imagine facilement la souffrance engendrée par ce déplacement sans billet retour et sans pouvoir communiquer, loin de sa culture… C’est tout simplement atroce d’être réduit à cet état végétatif ! 

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